Bienvenue sur notre site internet
Ouverture du Musée des marchands de toile - Egliseneuve
En juillet  • Lundi et mercredi  10h à 12h - 15h à 18h    • Samedi 15h à 18h   • Dimanche 10h à 12h
En août    • Lundi , Mercredi, Jeudi 10h à 12h - 15h à 18h   • Samedi 15h à 18h  • Dimanche 10h à 12h

mercredi 4 juillet 2018

Trois scénettes  inspirées de l'histoire des marchands de toile jouées par les élèves de Marcenat

Pour la fête de l'école 2018 les élèves de l'école primaire de Marcenat ont préparé 3 scénettes  inspirées de l'histoire des marchands de toile. Le son n'est pas d'excellente qualité. Aussi, pour aider à la compréhension, les textes suivent les séquences vidéos.
(cliquer sur le titre pour lancer la vidéo).

Scénette 1 - Quatre générations de Marchands - jouée par les élèves garçons de CE2-CM 
Marcel : Bonjour à tous ! Je m’appelle Marcel Sabatier. Dans ma famille, depuis trois générations, on vend du tissu. On disait du drap ou de la toile. On le vendait au mètre. On le déroulait à partir de gros rouleaux et ça servait à fabriquer les draps. Ensuite, nous avons vendu des torchons, des nappes, des napperons, des rideaux. Tout ce que nos clients souhaitaient pour l’aménagement de la maison. Mais également des vêtements de travail, des bâches agricoles….
Jean : Bonjour, je m’appelle Jean Sabatier. Je suis le fils de Léon et le père de Marcel. En fait, on était commerçants « ambulants ». Pendant 6 à 9 mois, de l’automne au printemps, en couple, on faisait les tournées quelque part en France. Au printemps, on revenait faire les travaux à la ferme. En général, on laissait les enfants chez les grands parents puis en pension quand ils avaient l’âge… On ne les voyait pas grandir !!
Hervé : Bonjour, je m’appelle Hervé Sabatier. Je suis la dernière génération de marchands de la famille Sabatier. Pour résumé, nous étions des migrants auvergnats, mais des migrants saisonniers. Certaines familles ont même fait des tournées en Algérie. On nous appelait « les marchands de toile ».
Léon : Nous étions tous originaires de secteurs montagnards d’Auvergne : le Cézallier et l’Artense.
Jean : Nous avions une tournée dans une région de France, souvent éloignée de notre village d’origine.
Léon : Au début, c’était des tournées à pied qui suivaient les grands axes : les routes principales, les canaux... On nous appelait « colporteurs ».
Jean :Puis on partait avec une petite carriole à cheval ou une plus grande.
Hervé : Et enfin en voiture.
Léon : La femme se rapprochait des femmes-clientes et l’homme des hommes de la famille.
Jean : On logeait dans des hôtels en itinérance sur un secteur ou on avait un point fixe et on rayonnait en étoile.
Marcel : On passait en moyenne une fois par an chez nos clients. On finissait par bien les connaître. On savait par exemple, qu’avant que la fille se marie, il y aurait le « trousseau » à préparer. C'est-à-dire ce que la fille « amenait » dans le couple :
Tous : les parures de draps, les torchons, les nappes et serviettes de table assorties, les napperons, les serviettes de toilette, les mouchoirs, les dessus de lits, les couvertures piquées pour les zones montagneuses….
Hervé : Il fallait avoir des qualités certaines pour être un « bon » marchand de toile : beau parleur, charmeur, fin psychologue, un goût pour le contact humain.
Léon : Mais il était nécessaire aussi de vendre des tissus de très grande qualité afin qu’une relation de confiance s’installe.
Jean : Nous accordions aussi des facilités de paiement sous forme de crédit sans frais avec des échéances adaptées aux types de revenus de nos clients. Nous étions des commerciaux.
Léon : Bonjour, je m’appelle Léon Sabatier. Je suis le grand-père de Marcel. C’est moi qui, à l’époque, ai monté cette affaire de vente de tissus. Au départ, on était tous paysans. Ces années-là, vers la fin du 19ème siècle, étaient dures à la campagne, avec des hivers froids et longs. Il était difficile de nourrir des familles nombreuses avec des fermes souvent trop petites. Ce complément de revenu pour la ferme était bienvenu.
Marcel : De fil en aiguille, certains d’entre nous se sont enrichis et ont fait construire de belles maisons que l’on peut voir dans tous les villages de marchands, comme par exemple à Marcenat, à Condat ou à Egliseneuve d’Entraigues.
Léon :Presque tous les marchands de toile avaient la « nostalgie » et revenaient l’été « au pays ».
Jean : Les fabricants de tissu du Nord, des Vosges, de l’Isère… venaient l’été pour loger dans les hôtels du secteur pendant plusieurs semaines et présentaient leurs nouveautés. Des noms des tissus qui font voyager et rêver :
Tous : cachemire, coton d’Egypte, satinette, soie, boutis, cretonne, chintz, taffetas, organza, toile de Jouy….
Marcel : Certains sont plus ou moins « précieux » selon le matériau de base qui est utilisé et certains viennent de loin…
Léon : En même temps que l’on traitait nos affaires, c’était aussi l’occasion de bons « gueuletons » et de bonnes fêtes.
Jean : La période faste de cette activité économique a été l’entre deux guerres entre 1920 et 1938.
Marcel : A partir de 1936 une grosse foire s’est mise en place à Bort les Orgues chaque année fin juillet. Les présidents de la république française, Jacques Chirac en particulier, venaient même l’inaugurer… c’est dire si c’était important !
Hervé : Nous avons été jusqu’à 3500 à partir en septembre dans de magnifiques voitures et à revenir en mai juin.
Marcel : Notre activité a ensuite évolué et certains d’entre nous se sont mis à vendre des meubles ou de l’électroménager. Ce qui nous a conduits à nous sédentariser en ouvrant des magasins.
Hervé : Quelques rares familles pratiquent encore cette activité de vente à domicile.

Scénette 2 - La visite du marchand -  jouée par les élèves filles CE2-CM
Pierre est en scène, en train de travailler à la table de sa ferme. Il entend frapper à sa porte.
Pierre : Qui va là ?
Le marchand, Bonjour Monsieur.
Henriette la femme du marchand : Bonjour Monsieur.
Pierre: Bonjour monsieur. Bonjour Madame.
Le marchand : Je me nomme Louis Sabatier. Et voici ma femme Henriette. Je passais dans votre campagne pour vous faire admirer la magnifique toile que je propose à vos voisins, qui font partie de ma clientèle depuis de longues années.
Pierre : Non merci. Nous n’achetons pas à des étrangers. De bons marchands sont installés dans la ville toute proche et ne demande pas mieux que de bien nous servir.
Le marchand : Je suis, aujourd’hui, pour vous un voyageur inconnu mais pas un étranger. Comme vous, je suis né dans une maison entourée de champs et de prairies. Aujourd’hui, c’est mon travail qui me conduit chez vous, demain ce sera peut-être l’amitié qui vous poussera vers moi.
Pierre : Peut-être bien.
Le marchand : Si j’ai choisi la campagne pour créer mon immense et fidèle clientèle, c’est parce que fils de terrien, j’ai vécu mon enfance dans le domaine qu’exploitait mon père partagé entre les granges regorgeant de foin odorant, les vaches à longues cornes et les juments de labour.
Pierre : Je comprends que vous êtes un peu des nôtres.
Le marchand : J’aime la terre et les travailleurs des champs. En leur vendant la première pièce de toile, je suis devenu leur ami. Plus tard, à la suite de plusieurs affaires, ils m’ont considéré comme une sorte de parent qui revient chaque année.
Pierre : Permettez-moi monsieur de vous offrir un verre.
Le marchand : Un petit verre si vous voulez.
Pierre : Paulette, veux tu venir servir nos invités, s’il te plaît ?
Paulette la femme du client : Je descends Pierre. Ce n’est pas la peine de crier.
Le marchand : Bonjour Madame.
Paulette la femme du client : Bonjour Monsieur, bonjour Madame.
Henriette la femme du marchand : Bonjour Madame
Le marchand : (Il déguste le verre) Excellent votre vin ! (Il se lève) Maintenant nous allons vous quitter. Si vous désirez m’acheter une toile, je peux vous la livrer sur facture avec paiement sur deux ans.
Pierre : Nous n’avons pas l’habitude d’acheter à crédit.
Le marchand : Cela ne s’appelle pas acheter à crédit. Il est normal que vous jugiez de l’excellente qualité avant paiement.
Pierre : Je comprends.
Le marchand : Dans ce cas, ma femme va vous montrer la toile, Madame. Je suis sûr qu’elle vous plaira.
Henriette la femme du marchand : Je suis contente, Madame de rencontrer quelqu’un qui connaisse la toile. A votre façon de la regarder, je vois que vous êtes la parfaite ménagère qui porte au linge tout le respect qu’il mérite.
Paulette la femme du client : On aime beaucoup le linge dans ma famille, Madame. Ma grand-mère et ma mère filaient pendant les longues veillées. Maintenant tout cela se perd.
Henriette la femme du marchand : Le monde évolue, Madame, il ne faut pas trop s’en inquiéter. Comment trouvez-vous ma toile ? J’espère que vous êtes frappée par sa beauté, la régularité de ses fils tissés d’une façon impeccable et de sa bonne odeur de chanvre.
Paulette la femme du client : Oui votre toile est belle mais je voudrais tirer un fil pour en éprouver la solidité.
Henriette la femme du marchand : Mais volontiers. Voici le bout. Je vous sors un fil.
Paulette la femme du client : C’est bien du chanvre. Il résiste. Il est de bonne qualité.
Pierre : Combien vendez-vous le mètre ?
Le marchand : 43 francs.
Pierre : C’est cher. On en trouve à de meilleurs prix à la ville.
Le marchand : Ce sont des toiles inférieures aux miennes. Vous ne voudriez pas des draps aussi médiocres pour votre famille. Je fixe un paiement pour la fin de l’année.
Pierre : Mettez le tout payable dans trois mois. Je n’ai pas besoin de deux ans pour payer cette petite somme.
Henriette la femme du marchand : Voici le reçu que le facteur vous donnera dans trois mois. Veuillez inscrire ici, dans le bas, votre nom.
Paulette la femme du client : Notre fille se marie l’année prochaine. Peut-être accepteriez-vous de repasser à cette période pour nous montrer vos produits.
Henriette la femme du marchand : C’est une merveilleuse nouvelle pour votre famille. Nous viendrons vous présenter avec grand plaisir nos toiles. S’éloigne-t-elle de votre hameau ?
Paulette la femme du client : Oh non, bien heureusement. Elle épouse le fils de cultivateurs qui habitent seulement à quelques kilomètres. Elle s’installera dans la ferme familiale. Notre gendre aura plusieurs hectares à s’occuper. Nous espérons que la récolte de l’année prochaine sera meilleure que celle de cette année. Les pluies nous ont causé beaucoup de mal.
Pierre : Le foin a du mal à sécher. Les champs sont gorgés d’eau.
Henriette la femme du marchand : Effectivement, les chemins sont boueux et difficilement praticables. Les cours d’eau débordent.
Paulette la femme du client : Avec un peu de chance, l’arrière saison nous permettra de laisser nos bêtes plus longtemps en pâtures.
Le marchand : Nous allons peut-être vous laisser vaquer à vos occupations. La journée est bien avancée, le travail n’attend pas.
Henriette la femme du marchand : Au plaisir de vous revoir l’année prochaine.
Le marchand : Je vous dis à l’année prochaine.
Pierre & Paulette la femme du client : Au revoir monsieur, au revoir madame.

Scénette 3 -Une maison Basque en Auvergne -  jouée par les élèves de CE1
Bonjour jolie maison ! Tu fais du tourisme sur notre beau Cézallier ?
La fille : Mais pas du tout ! J’y suis installée. J’y vis à l’année.
Le garçon : Comment est-ce possible ? Regarde-moi, je suis l’habitat traditionnel auvergnat avec mon toit en ardoises et mes pierres apparentes. Mais toi ! Que fais-tu ici avec tes pans de bois et ton rouge basque ? Tu devrais être installée dans les Pyrénées, pas dans le Massif Central.
La fille : Eh bien, je suis la pointe d’originalité du Cantal. Veux-tu que je t’explique ?
Le garçon : Bien évidemment, je suis perdu.
La fille : L’explication est simple. Mon propriétaire était marchand de toile. Il est né sur le Cézallier. Et à son retour, il a voulut s’inspirer de sa région de vente pour construire une maison dans son village natal.
Le garçon : Alors si je comprends bien, ils vendaient ses fournitures dans le sud ouest, plus particulièrement aux pays basques.
La fille : Tu as tout compris.
Le garçon : Je ne peux que le féliciter de nous permettre d’admirer une si jolie demeure avec un charme fou.
La fille : Doux flatteur ! Si je n’étais pas déjà rouge, tu me ferais rougir. Je suis déjà sous le charme du Cézallier, pas besoin d’en rajouter.