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Ouverture du Musée des marchands de toile - Egliseneuve
En juillet  • Lundi et mercredi  10h à 12h - 15h à 18h    • Samedi 15h à 18h   • Dimanche 10h à 12h
En août    • Lundi , Mercredi, Jeudi 10h à 12h - 15h à 18h   • Samedi 15h à 18h  • Dimanche 10h à 12h

lundi 29 février 2016

Rencontre avec un marchand

Le 22 mars 2011 : Rendez vous avec  un marchand de toile.
Mot d’enfant : - Que vendent les marchands de toile ?  demande le grand-père
- Augustin 6 ans répond avec assurance : «  des araignées ! »
A 17 ans, il décide de partir « à la chine » avec son cousin de quatorze ans son ainé. Ce dernier est marchand de toile dans le Loiret. Les premiers mois de chine sont durs et malgré tout fantastiques !
Tournée en vélo avec une valise devant, une autre derrière pleines de linge de maison : Ascoux, Varennes en Gatinais, Bellegarde du Loiret…les villages défilent et les affaires marchent ; enfin la première grosse vente : une pièce de toile, qu’il reviendra livrer le lendemain dans une remorque Michelin !

Ils habitent à la gare d’Auxy, hôtel-restaurant chez Barnault, dans une maison louée à côté.
Les années d’ « apprentissage » terminées, le « commis » peut être son propre patron.

Alors, marié, il se lance avec un « pilote », Fernand, d’âge mur, estimé et connu dans la région, qui le guide, le présente chez les habitants et lui donne des renseignements utiles sur le client potentiel, ainsi que des conseils de sage.

A Montargis, le point de retrouvaille chez le cousin : on y parle affaires, Auvergne  mais aussi on se régale autour d’un bon repas !
Les journées sont rythmées : le matin, ne pas chiner avant 10 heures pour ne pas déranger, mais après, c’est « non-stop » : dix heures- douze heures, midi-deux heures : la tranche horaire ou on trouve les clients souvent réservée aux encaissements ; un petit repas rapide en toute simplicité, dans une de ces auberges de la région qui malheureusement vont fermer faute de successeur quelques années plus tard. L’après midi et jusqu’à tard le soir est consacrée aux rendez-vous chez les clients et à la prospection.

Petit à petit, d’une clientèle essentiellement rurale, il va l’élargir à une clientèle urbaine. Dans la région de Gien des usines s’installent: parapharmacie, ascenseurs, faïenceries…..vont donner du pouvoir d’achat à explorer. Une des qualités  premières du marchand de toile étant  de « sentir » et exploiter toutes ces possibilités, il va axer son travail sur Gien, Briare, le Loiret ayant sa préférence par le sens de l’hospitalité, le côté convivial de ses habitants, ainsi que le Cher et la Nièvre. La Seine et Marne s’avère plus difficile, de mentalité différente.

Durant toutes ces années la famille vient passer les étés en Auvergne!
Pendant toute cette période estivale, les « voyageurs de commerce » viennent proposer les choix de marchandises pour la campagne prochaine. Certains sont à leur propre compte dans le textile : Henri Chabaud  pour Duquesnoy; Joseph et Sylvain Hacot les toiles de la Gorgue et les draps Hacot et Colombier.

D’autres sont représentants pour des fabriques textiles: Mr Faucon pour Garnier-Thiébaud à Gérardmer, Mr Jacquot, Mr Nicolas….
La plupart prenait pension à Saint-Amandin à la Providence et se régalaient de la bonne cuisine de Marthe !!!

Les achats s’effectuaient aussi à la Foire de Bort* (Bort les orgues en Corrèze) : pour le linge de maison mais aussi les meubles qui sont maintenant proposés par les négociants voyageurs .
L’appellation de «  Marchand de toile » est devenu « Négociant Voyageur », un syndicat s’est créé ainsi qu’une centrale d’achat : « centrachat » sous l’impulsion de Mr Roger Besse.

Il est important de bien acheter pour bien vendre, « un client content est un client fidèle » nous dit le marchand de toile averti.
Le mode de vente à crédit est aussi une partie de la fidélité du client. Le fait d’échelonner les payements lui permet d’acheter ce dont il a besoin et aussi de « faire le trousseau » de ses enfants, surtout les filles.
Il nous confie aussi que le mode de vente du Marchand de toile qui est tellement lié à son rapport avec les gens et à la confiance qui s’établit ( quelques fois l’amitié peut s’installer ) l’a pleinement satisfait. Il reste convaincu qu’il n’aurait pas vécu les mêmes expériences en étant sédentaire.

(*en juillet chaque année, une foire très privée réservée aux professionnels où il fallait montrer « patte blanche » pour entrer et qui permettait de rencontrer les fournisseurs, découvrir leurs nouveautés. Cette foire avait une grande incidence économique sur Bort et sa région : hôtels, restos. ..). Elle se clôturait toujours par une belle soirée .

Travail effectué par l’association de sauvegarde du petit patrimoine de Saint Amandin.
  ‘ Peiro d’orses, Peiro de demo’